En représailles aux sanctions occidentales, Moscou va baisser sa production de pétrole
La Russie a annoncé, ce vendredi, une baisse, en mars, de sa
production de pétrole brut de 500.000 barils par jour, soit environ 5% de sa
production quotidienne. Une mesure en réponse au second embargo européen et au
plafonnement des prix des produits pétroliers raffinés russes entrés en vigueur
le 5 février. En conséquence, la crainte de voir le brut manquer a fait grimper
les cours de l'or noir ce vendredi.
La réplique n'a pas tardé. Alors que l'Union européenne a
adopté un second embargo sur les produits pétroliers russes ajouté à un
plafonnement des prix, le vice-Premier ministre russe en charge de l'Energie,
Alexandre Novak, a annoncé, ce vendredi, que le pays allait baisser sa production
de pétrole brut. « La Russie va réduire volontairement sa production de 500.000
barils par jour en mars », a-t-il déclaré, cité par les agences de presse
russes. Cette réduction représentera une baisse d'environ 5% des extractions
russes quotidiennes actuelles, qui totalisent plus de 9,5 millions de barils.
Elle viendra s'ajouter à la limitation de la production de 2
millions de barils par jour de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole
et ses partenaires (Opep+), qui associe la Russie à l'Arabie saoudite et à des
dizaines d'autres producteurs, décidée afin de soutenir les prix. Selon le
porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, « il y a eu des
conversations avec un certain nombre de membres de l'Opep+ » avant l'annonce de
Moscou. Et des délégués d'autres membres de l'Opep+ ont affirmé à l'agence
Bloomberg qu'ils ne compenseraient pas la baisse de la production russe.
Représailles russes
A l'origine de cette décision de Moscou : les sanctions
occidentales. La Russie est déjà frappée depuis décembre par la mise en place
d'un embargo et un prix plafond sur son pétrole brut. Une mesure qui a donc été
élargie depuis le 5 février aux produits raffinés. Dans les faits, les
cargaisons de kérosène, essence, bitume, fioul ou encore de diesel ne pourront
plus rentrer dans l'espace européen. L'Union européenne ainsi que le G7 et
l'Australie ont également introduit une mesure de plafonnement des prix fixé à
45 euros le baril pour des produits peu raffinés comme le mazout, et un autre
de 100 En réponse aux sanctions imposées par les Occidentaux, Moscou a déjà
interdit depuis le début du mois la vente de son pétrole aux pays utilisant le
prix plafond. « Nous ne vendrons pas de pétrole à ceux qui adhèrent directement
ou indirectement aux principes du prix plafond », a insisté Alexandre Novak, ce
vendredi. Le gouvernement interdit également aux exportateurs nationaux de
pétrole et aux organes de régulation de respecter les plafonds sur les prix
imposés par les Occidentaux sur son brut russe.
Des sanctions qui pèsent sur l'économie russe
Le premier embargo imposé par les Vingt-sept sur le pétrole
brut a d'ores et déjà eu des conséquences sur l'économie de la Russie. Les
revenus que tirent le pays de ses ventes de pétrole et de gaz ont plongé en
janvier, de 46%, selon les données officielles du ministère russe des Finances.
Ils avaient déjà chuté en décembre. En effet, selon les économistes du KSE
Institute, un think tank basé à Kiev, le pays a réalisé en décembre 2,1
milliards de dollars de revenus pétroliers en moins par rapport à la moyenne
des revenus mensuels de 2021. « Nous anticipons un effondrement des revenus du
pétrole et du gaz en 2023, ce qui va rendre la Russie vulnérable », estiment-ils.
Ils soulignent par ailleurs que d'ores et déjà « le différentiel entre le Brent
et l'Ural est passé de 20-30 dollars par baril à 35 dollars en décembre ». Avec
cette décote que la Russie accorde à ses nouveaux clients, la Chine, l'Inde et
la Turquie, le pays a perdu l'équivalent de 50 milliards de dollars en 2022.dollars
le baril pour des produits plus chers comme le gazole.